Tu parles Charles !
1969, année érotique ?…
de Yves AUBRY
Nous voici propulsés en arrière, ce 26 juin 1969 précisément : nous suivons à toute allure le jeune Brunet alias « Rase Bitume » sur son petit vélo rouge, dans une banlieue proche de Paris. Au seuil de ses douze ans, à la veille de sa communion solennelle, en 24 heures chrono, il nous livre heure après heure ce qui défile dans sa tête de gamin en pleine crise d’adolescence. Avec une verve débridée et gouailleuse, un cynisme irrévérencieux, un humour au vitriol, il raconte ses rapports tumultueux avec ses proches — notamment sa mère, son angoisse métaphysique, son désarroi face aux premiers émois sexuels... Déboussolé et désespéré jusqu’à vouloir se donner la mort pour “en finir pour de bon”, Rase-Bitume dresse au passage un portrait critique d’une société en pleine mutation, à travers le choc frontal entre générations et la libération des mœurs
La fin n’est pas forcément celle que l’on attend, mais faut-il vraiment une morale à chaque histoire ? Et qui pourra encore dire, après avoir lu ce récit, que « c’était mieux avant et que tout fout l’camp ? »
Alors, 1969, année érotique ? Tu parles Charles !
EXTRAIT PAGE 33 :
« Je descends l'avenue Charles de Gaulle, sur mon petit vélo rouge, en hurlant à tue-tête la chanson de Jane Birkin et Serge Gainsbourg, '”Soixante-neuf, année érotique”. Hurler. Gueuler. Bramer. Hululer. Tous les verbes que vous voulez. Tous, sauf chanter. J’ai l’air qui me trotte dans la tête depuis samedi . Depuis que j’ai entendu Jane le susurrer à la télé.
Tu parles, Charles ! Ce n’est pas que j’adore ça, la télé du samedi soir, mais je n’ai le droit de la regarder que deux soirs par semaine. Les Dossiers de l’écran, le mercredi soir. Parce que le jeudi, il n’y a pas d’école. J’ai droit au film mais pas au débat. Trop tard, qu’ils disent, les parents. Et l’émission de variétés ringarde du samedi soir. Mais ringarde ou pas, comme j’y ai droit, je ne manquerais ça pour rien au monde. La Chanson française, enfin celle qui passe dans ce genre d’émissions, ça ne me plaît pas. En général. Le style flonflon et chanteuses à la voix suraiguë, genre Eurovision. Mais par contre, ce qui vient d’Angleterre ou des États-Unis, ça me plaît plus. Voire ça me plaît carrément. Les trucs genre Rolling Stones, qu’on a vu un soir. Mon père dit que c’est du rock’n’roll. Que c’est Elvis Presley qui l’a inventé. Et qu’il a acheté ses premiers disques.[…] »
L'auteur
DE LA PEINTURE VÉCUE DANS LA DOULEUR VERS LA LITTÉRATURE ET L'AUTOFICTION
Yves AUBRY est né à la fin des années 50 en banlieue parisienne. Il vit et travaille à Calais depuis 1986. Jeune, il se consacre à la peinture, dans un style proche du pop art et de la BD.
À partir des années 90 il se met à placer des textes sur ses toiles, développant une sorte de peinture recto-verso : il peint d’abord sur le recto, puis le verso et jusque sur le cadre. Le recto est la toile, le verso une suite d’émotions brutes. C’est donc ce perpétuel questionnement qu’il explore à travers un langage propre. Ainsi, les mots finissent par prendre la place de l’image, de l’expression picturale.
En 2004, suite à une hospitalisation, il délaisse son matériel de peinture et décide de se consacrer à l’écriture. Le but n’a pas changé : débusquer ce qui se cache derrière les apparences, comprendre pourquoi on perd la plus grande partie de sa vie à essayer de savoir d’où on vient.
Avec cette tentative de défier le temps, Yves AUBRY et son Tu parles, Charles ! illustrent ce propos si juste de Roland Jaccard placé en guise de marque-page sur le rabat arrière du livre...
― Texte revu et corrigé par l’auteur ―
Collection Les Contemporains ● Série Nouvelles & Romans N° 2
Format 13,5 x 19 cm ● Broché ● 132 pages
Couverture quadrichrome | Finition pelliculage brillant
Avec 2 rabats
ISBN 979-10-92758-22-1 ● ISSN 2106-4318
Dépôt légal 1re édit. : septembre 2022
PVP TTC : 15 euros